Lyrics
[Intro]
Je te vois sur le quai d'une gare t'éloigner inexorablement sans pouvoir rien faire,
Les lumières rouges accrochées au dernier wagon son en train de s'évader au loin,
Je reste dans l'espoir que tu entends mes désirs les plus profonds, mes prières,
Mais tu disparais dans l'horizon du temps, sans me laisser une trace de ton chemin.
À mes pieds, un téléphone gris Socotel à cadran circulaire, que je tente de recueillir,
Je caresse ses lignes à la fois arrondiés mais pas trop, je sens son odeur de bakélite,
Et dans un geste frénétique, je tourne son cadran avec mon doigt, je fais un sourire,
J'entends ce cadran revenir en faisant un doux son de crécelle, mon regard se délite.
[Verse]
Ce n'est pas d'ma faute, j'suis né dix ans trop tard, j'ne connaitrai pas le lohr de Giscard,
Les années soixante-dix, faites d'innovations technologiques, de design si caractéristique,
Aujourd'hui, on devrait rouler en voiture à énergie atomique, faites en terres rares,
On s'envolerait au turbopétrole ou turbogaz, on serait dans un univers intergalactique.
Et pour communiquer entre la Terre et Jupiterre, rien de mieux que le Minitel,
On se transmettrai des images en pixels haute définition, huit bits - seize couleurs,
On écouterait sur des super mange-disc de l'espace les chansons de tel ou un tel,
On porterait des vêtements en aluminium, nos casques aurait des anneaux de couleur.
[Chorus]
Ton univers tourné sur la productivité, l'industrialisation, l'ambiance pleine emploi,
Tes usines tournaient à plein régime, les ingénieurs inventaient sans faire de doute,
Les grands ensembles d'habitations faits de perspectives et de parkings, nous étions rois,
Des autoroutes, plein d'autoroutes, des restoroutes, des Mamouth et du mazout.
[Verse]
Dans tes années, on a commencé à tout moderniser, on a débarrassé du passé,
Tout dépoussiéré, de la cave au grenier, remplacé l'agriculture dépassée par l'engrais,
Les pesticides, les champs appartenant à des groupes industriels et ce qui restait,
Allait finir en zone industrielle, en quartier résidentiel ou en Euromarché.
L'être humain a aussi été débarrassé des vieux modèles traditionnels qui l'habitaient,
La libération de la féminité, enfin pas de la femme, elle restait à s'occuper de la maison,
La religion aux oubliettes, la spiritualité serait l'affaire de gourous malhonêtes, sans vérité,
On vivrait empilés façon anarchique et décoratif dans des lieux arrondis sans raison.
[Chorus]
Ton univers tourné sur la rétrofusée, la course vers l'espace, l'ambiance pleine emploi,
Dans les usines d'armement, les ingénieurs inventaient les armes qui servaient sans doute,
Les grands ensembles d'habitations faits de misère et de parkings, nous étions aux abois,
Des autoroutes, plus d'autoroutes, des restoroutes, plus de Mamouth plus de mazout.
[Outro]
Je ne te vois plus au loin, ces tant regrétées années Giscard d'Estaing,
Ta vision du futur paraît si irréaliste, tu ne connaitra pas les vraies crises,
Je garde de toi ce téléphone gris.